Interview de Pierre Eon, gérant et chef cuisiner de « Pierre Restaurant de Copains »

Nous le savons, depuis le début de la crise sanitaire, de nombreux lieux dits « non-essentiels » ont dû fermer leurs portes au public. Les restaurants, bars, commerces, acteurs du milieu culturel et bien d’autres doivent aujourd’hui se battre pour garder leur activité ouverte. Avec « Rennes, on t’écoute » je vous propose chaque semaine des interviews exclusives de personnes qui représentent ces lieux, qui sont, pour la majorité d’entre nous, essentiels à notre vie culturelle et sociale. Ils nous partagent leur expérience, mais aussi leur vision future pour leur activité.

Aujourd’hui, je vous propose l’interview de Pierre Eon, gérant et chef cuisinier du restaurant « Pierre Restaurant de Copains » à Rennes.

Retrouvez Pierre Restaurant de Copains : Adresse : 33 rue Nantaise, Rennes

Bonjour, pouvez-vous vous présenter ainsi que « Pierre Restaurant de Copains »

Bonjour, je m’appelle Pierre Eon, j’ai 31 ans. J’ai commencé la cuisine à l’âge de 15 ans. J’ai réalisé plusieurs saisons dans le domaine de la restauration dans plusieurs endroits différents comme St Tropez, Megève… pendant une dizaine d’année. Dès l’âge de 25 ans, j’ai eu l’occasion de participer à l’émission Top Chef. C’est cette expérience qui a eu un effet déclencheur. Même si j’avais toujours eu l’idée d’ouvrir un restaurant un jour, cette expérience m’a permis d’accélérer les choses, grâce à la visibilité que l’émission m’a apporté.

J’avais très peu travaillé sur Rennes auparavant, même si je suis originaire de la région, j’y avais des attaches familiales et amicales. C’est une des principales raisons qui m’a poussé à ouvrir mon restaurant à Rennes, je voulais faire un clin d’oeil à ma région natale.

Je ne souhaitais pas ouvrir un restaurant gastronomique, je voulais un établissement qui représente mon identité, d’où le nom « Pierre Restaurant de Copains ». Je voulais créer un endroit convivial pour les clients. Les plats que nous proposons sont simples, mais ils sont travaillés. Nous avons ouverts le restaurant en février 2019. Notre restaurant et notre cuisine ont fonctionné assez vite. Nous avons maintenant une clientèle d’habitués qui nous soutiennent particulièrement durant cette période compliquée.

Comment se porte votre activité depuis le premier confinement en mars 2020

Lorsque l’on nous a annoncé l’annonce du premier confinement, ça a été un coup de massue, on ne savait pas ce qui allait se passer. C’était l’inconnu. Nous venions d’ouvrir il y a tout juste un an. C’est vrai que cette annonce nous a effrayé. Nous avions des projets en tête pour continuer de développer le restaurant. Tout ça s’est retrouvé figé d’un seul coup. Moralement, c’était difficile, même si nous avons ré-ouvert durant la période estivale, le deuxième confinement a été plus compliqué.

Quelles sont les difficultés dont vous avez rapidement dû faire face

Nous avons dû geler notre activité pendant la période du deuxième confinement, nous ne proposons plus la vente à emporter. Toute l’équipe est en chômage partiel actuellement. Ce qui est dur, c’est que nous n’avons aucune information sur les dates de réouverture, c’est le néant pour toute la profession. C’est rageant puisque nous avons respecté à la lettre les contraintes sanitaires et nous sommes les derniers à ouvrir. Au premier confinement, c’est ce qu’il s’est passé.

Nous avons également créé une terrasse en bois récemment. Nous avons dû batailler avec la Mairie de Rennes pour pouvoir la garder. Nous ne pouvions pas la démonter tous les soirs, malgré la mise en place des normes qui étaient demandées. On espère pouvoir la garder sur le long terme car les restrictions sont contraignantes concernant les terrasses à Rennes. Pour la majorité des restaurateurs de Rennes, nous avons ressenti un manque de soutien de la part de la Mairie pour nous permettre de nous relever ou, simplement, de nous encourager pendant cette période.

En ce qui concerne les aides de l’Etat, elles sont indispensables, mais cela reste juste pour payer les charges.

Avez-vous mis des moyens en place pour continuer d’exercer votre activité

Nous avons mis en place la vente à emporter lorsque nous avons pu réouvrir durant la période estivale de l’année dernière. On a aussi proposé un nouveau concept « l’Apierro » en proposant des produits apéritifs comme des tortillas, des sablés, du vin… mais nous n’avons pas renouvelé la vente à emporter pour le deuxième confinement. En réalité, les plats que nous proposons ne sont pas compatibles avec ce service. On perd la qualité des produits, la justesse de cuisson n’est pas la même… je ne voulais pas non plus que les clients se disent que les plats étaient moins « bons ». Faire de l’argent pour faire de l’argent n’est pas dans notre identité, et ce n’était pas bénéfique non plus pour notre réputation.

Avez-vous des projets pour l’avenir malgré la crise sanitaire

Pour l’instant, nous attendons la réouverture avec impatience, en espérant que nous pourrons travailler dans des conditions « normales » sans limite de personnes, tout en respectant les contraintes sanitaires. La restauration en France fait partie de notre culture. On espère que le Gouvernement lèvera prochainement nos doutes sur cette situation.

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