Nous le savons, depuis le début de la crise sanitaire, de nombreux lieux dits « non-essentiels » ont dû fermer leurs portes au public. Les restaurants, bars, commerces, acteurs du milieu culturel et bien d’autres doivent aujourd’hui se battre pour garder leur activité ouverte. Avec « Rennes, on t’écoute » je vous propose chaque semaine des interviews exclusives de personnes qui représentent ces lieux, qui sont, pour la majorité d’entre nous, essentiels à notre vie culturelle et sociale. Ils nous partagent leur expérience, mais aussi leur vision future pour leur activité.
Aujourd’hui, je vous propose l’interview de Julie et François, co-gérants des différents concepts « Oh My Biche, Oh My Bear et Bibiche Club » à Rennes.
Retrouvez Oh My Biche, Oh My bear et Bibiche Club
Oh My Biche
Adresse : 3 Rue du Puits Mauger, 35000 Rennes
Oh My Bear
Adresse : 14 Mail François Mitterrand, 35000 Rennes
Bibiche club
Adresse : 18 Mail François Mitterrand, 35000 Rennes
Bonjour, pouvez-vous vous présenter ainsi que vos concepts « Oh My Biche, Oh My Bear et Bibiche Club » ?
Julie : Je m’appelle Julie, j’ai effectué un BAC technologique et hôtelier il y a 15 ans, à Dinard. C’est là que j’ai pu toucher au métier de service, cuisine et hôtelier. Je me suis dirigée vers le métier de la salle par la suite. J’ai aussi voyagé à l’étranger pour me spécialiser davantage dans le métier de l’hôtellerie et de la restauration. Je suis revenue à Rennes il y a une dizaine d’année où j’ai rencontré François.
François : Pour ma part, j’ai réalisé un BAC comptabilité et gestion. Pour des raisons personnelles, j’ai dû arrêter mes études avant de me tourner vers le métier de la restauration. Pour me qualifier dans la profession, j’ai entrepris un BEP Services. Durant cette année d’étude, j’ai vite pris goût au métier. Quand j’ai rencontré Julie, j’avais déjà le projet d’ouvrir un restaurant. Très rapidement, nous avons souhaité nous associer pour lancer ce projet.
Oh My Biche n’est pas notre premier concept. Dans un premier temps, on voulait ouvrir Oh My Bear, un bar à manger. Malheureusement, ça n’a pas été possible au départ car nous ne trouvions pas les locaux appropriés pour ce concept en 2017. Aujourd’hui, Oh My Bear est ouvert depuis octobre 2020, il est situé sur le Mail François Mitterrand, juste à côté de Bibiche Club.
Nous avons ouvert notre premier commerce, anciennement Oh My Biche sur le Mail François Mitterrand. C’est un quartier que nous apprécions, pour son cadre et sa clientèle. Nous y vivons également, alors le choix était vite trouvé.
Nous avons réussi à trouver un local sympathique, et c’est à ce moment que nous avons ouvert Oh My Biche, un café de quartier sur le Mail en 2017. Le concept a tout de suite fonctionné.
En moins de un an, nous avons ouvert le second Oh My Biche au Colombier. Nous y avons plus d’espaces afin de préparer nos brunchs, comparé à celui situé sur le Mail François Mitterrand qui est plus petit à l’intérieur.
C’est pour une de ces raisons que nous avons repensé notre identité en janvier 2020 pour le Oh My biche situé sur le Mail François Mitterrand. Désormais ce Oh My Biche s’appelle Bibiche Club car ce nom représentait davantage ce qu’on souhaitait proposer comme services. Nous proposons principalement de la street food au Bibiche Club. Cela permet également de dissocier les deux adresses.
En ce qui concerne notre cuisine, pour chacun de nos concepts, nous travaillons avec des producteurs locaux afin de proposer à nos clients des produits frais et de saisons. Cela fait également partie de notre identité.
Comment se porte votre activité depuis le premier confinement en mars dernier ?
Comme tout le monde, nous avons eu plusieurs phases. Nous ne pensions pas que la situation allait durer aussi longtemps. Néanmoins, nous avons réalisé un bel été. Nous avons eu l’autorisation d’étaler notre espace en terrasse durant la période estivale, notamment pour Bibiche Club. Au Colombier, nous avions perdu plus de couverts à l’intérieur puisque les tables devaient être davantage espacées entre elles. Nos clients étaient au rendez-vous pendant cette période. Nous pensions que les personnes auraient peur de sortir à cause de tout ce qu’il se passait. Mais au final, pas du tout !
Jusqu’à l’annonce du deuxième confinement, nous nous sommes vites sentis délaissés avec le terme des commerces dits « non-essentiels ». Nous devions rester fermés. Nous avions anticiper cette fois ci afin que nous n’ayons pas de pertes de marchandises. En décembre, nous avons remis en place la vente à emporter pour Oh My Biche et Bibiche Club. Le service du midi fonctionnait très bien malgré la crise sanitaire.
Quelles sont les difficultés dont vous avez rapidement dû faire face ?
C’était un samedi quand l’annonce du premier confinement avait été annoncée. Le problème, c’est que nos produits avaient déjà été transformés pour le brunch du dimanche. Nous nous sommes réunis avec l’équipe de Oh My Biche pour proposer « une vente anti-gaspillage » afin que les clients viennent le lundi à 11h récupérer les produits à un prix réduit pour ne pas gaspiller. Ça nous a également permis de payer nos fournisseurs car nous possédions à ce moment là plus de 4000 euros de marchandises. Le bouche à oreille a très bien fonctionné, on se demandait même si nous aurions assez de produits pour tout le monde. Nous avons réussi à tout vendre le lundi !
Cela nous a permis d’avoir l’esprit plus léger. Nous ne pouvions pas donner nos produits aux banques alimentaires, car elles ne prenaient pas les produits transformés. Elles avaient aussi trop de demandes suite à l’annonce du premier confinement. C’est vrai que cette solution nous a beaucoup aidé.
Comment vous vous portez psychologiquement ?
Sur l’ensemble des restaurants, il y a une trentaine de salariés. On essaye de planifier des réunions régulièrement pour prendre de leurs nouvelles et de garder du lien. Certains sont plus isolés, c’est une situation difficile pour eux. Il faudra aussi anticiper avec eux la reprise, car elle risque d’être intensive. Nous espérons tous que cette situation s’améliore et que nous pourrons de nouveau ouvrir bientôt. Nous sommes tous dans l’attente.
Avez-vous mis des moyens en place pour continuer d’exercer votre activité ?
Nous avons repris la vente à emporter en mai avec l’enseigne du Bibiche club sur le Mail. Comme le Colombier est plutôt un quartier d’affaires, les personnes étaient principalement en télétravail, il y avait moins de passage. Nous avons préféré nous concentrer sur Bibiche Club situé sur le Mail pour faire connaître notre nouvelle identité.
Même si nous proposions déjà la vente à emporter, on s’est vite rendu compte que la rentabilité n’était pas assez élevée comparée aux personnes recrutées. Nous restons seulement à l’équilibre, en plus des aides accordées par l’Etat.
Avez-vous des projets pour l’avenir ?
Nous avons un projet en cours depuis quelques mois. Nous en parlerons au fur et à mesure. Nous réfléchissons également à l’après, si les modes de consommation vont changer, si la vente à emporter va être davantage plébiscitée, si nous devons changer nos horaires d’ouverture…
Notre objectif est de développer nos concepts déjà en place. Nous ne cherchons pas à nous étendre. Nous attendons donc patiemment la réouverture pour continuer à faire évoluer nos concepts.