Nous le savons, depuis le début de la crise sanitaire, de nombreux lieux dits « non-essentiels » ont dû fermer leurs portes au public. Les restaurants, bars, commerces, acteurs du milieu culturel et bien d’autres doivent aujourd’hui se battre pour garder leur activité ouverte. Avec « Rennes, on t’écoute » je vous propose chaque semaine des interviews exclusives des personnes qui représentent ces lieux, et qui sont, pour la majorité d’entre nous, essentiels à notre vie culturelle et sociale. Ils nous partagent leur expérience, mais aussi leur vision future pour leur activité.

Aujourd’hui je vous propose l’interview de Jérémy Leduc, co-fondateur du café cantine Les Grands Gamins, situé 40 Mail François Mitterrand dans le centre de Rennes.

Bonjour, pouvez-vous vous présenter ainsi que les Grands Gamins ?

Je m’appelle Jérémy Leduc. Je me suis associé avec Matthieu Horeau, nous avons démarré l’aventure Grands Gamins il y a presque cinq ans maintenant, depuis le 16 août 2016. C’est une aventure qui a commencé à deux. Nous sommes issus d’une reconversion professionnelle, à la base, nous étions commerciaux dans différents domaines. L’idée de départ, c’était de créer un café de quartier. Nous avions tous les deux la volonté de retrouver le côté humain dans nos métiers.

En 2014, nous avons travaillé plus de deux ans afin d’apprendre le métier et le milieu de la restauration. Nous sommes passés par tous les postes : de la plonge à la cuisine, au service…

J’ai travaillé au Café Albertine, ensuite au sein d’un camping pour tenir des paillotes avec mon associé. C’était comme gérer une micro-entreprise, on a touché à toutes les facettes du métier et ça nous a permis de voir si nous étions complémentaires avec Matthieu, qui, avant tout, est un ami de longue date. On a également recruté Diane Claire Mauger, notre chef cuisiner, avec qui on s’est très bien entendu. C’était une aventure inédite pour nous trois. On a décidé d’entreprendre le projet en espérant qu’il y aurait des personnes au rendez-vous, et on s’est lancé ! Le concept a tout de suite fonctionné à Rennes. Très vite, nous avons dû recruter d’autres personnes. Nous sommes une équipe entre 19 et 23 personnes selon la saisonnalité. Une belle petite tribu !

Avez-vous eu des inspirations pour créer les Grands Gamins ?

Notre inspiration pour la création de notre café provient de Montréal, mon associé à eu l’occasion de travailler là-bas pendant cinq mois. Nous avons été inspirés par leurs cafés, que ce soit dans la décoration, dans la mentalité, mais aussi dans les services proposés. A l’époque le brunch n’était pas vraiment développé à Rennes. C’est ce qui nous a donné envie de rapporter cette idée.

Comment se porte votre activité depuis le premier confinement en mars dernier ?

Ça a été difficile à encaisser, mais ce que nous retenons avant tout c’est la solidarité qu’il y a eu entre nous. En tant que entrepreneur, ça m’a fait un bien fou de voir que je pouvais compter sur mon équipe. Forcément il y a eu des phases négatives, dans le quotidien, c’était difficile à gérer, il fallait s’adapter. Avec certains de nos petits fournisseurs, nous avons dû beaucoup dialoguer concernant les encours et nos traites car notre priorité était de payer notre équipe. C’est une période qui a aussi été compliquée pour Orianne, notre chargée administrative. Entre les dossiers pour les fonds de solidarité, le chômage partiel, tenir au courant les salariés, les rassurer… c’était lourd.

Après le premier confinement, il y a eu une vague de monde cet été, c’était une période très intensive. En plus, il y avait les contraintes des gestes barrières, il fallait prendre un peu le rôle de « gendarmes ». Mais on était heureux de reprendre notre activité et d’accueillir les clients, l’équipe a assurée !

En octobre, mon associé est devenu papa donc il était en congé paternité. Les règles changeaient souvent concernant le couvre-feu et la vente d’alcool, si elle était autorisée ou non l’après-midi. Il y a aussi eu très peu de communication de la part de la Préfecture. Nous nous sommes sentis un peu stigmatisés, nous, et bien d’autres professions durant toute cette période. Mais on se porte bien, on essaye de rester positif en espérant que nous pourront réouvrir bientôt.

Quelles sont les difficultés dont vous avez rapidement dû faire face ?

Lorsque l’annonce du premier confinement est tombée, nous avions un stock prêt pour le brunch. On s’est adapté à la situation grâce à l’Epicerie du Mail qui pouvait rester ouvert. Ça nous a permis de garder notre service de brunch des Grands Gamins en passant par l’Epicerie du Mail. Nous avons la chance d’être entourés de personnes très solidaires avec nos voisins sur le Mail. La notion de force collective est très importante pour nous.

En parallèle, on cherche également des moyens de faire des économies, en montant des dossiers pour collecter des aides. On veut surtout rester à l’équilibre pendant cette période afin de repartir de plus belle, une fois celle-ci passée.

Avez-vous mis des moyens en place pour continuer d’exercer votre activité ?

Nous avons essayé de faire de la livraison de caviste auprès de nos clients réguliers. Nous avons réfléchi à faire de la vente à emporter, mais on s’est vite rendu compte que ce n’était pas forcément rentable, les clients viennent avant tout pour le cadre. Et ce n’était pas non plus quelque chose qui nous faisait vibrer.

Ce qui est important pour nous, c’est de garder du lien social. On essaye de communiquer sur les réseaux sociaux, à travers des quizz, des concours…

Avez-vous des projets pour les mois à venir ?

On pense principalement à la réouverture. Nous pensions à remettre en place le service de brunch à emporter durant le mois de février. À vrai dire, c’est davantage pour s’occuper et garder du lien avec nos clients, même si ce n’est pas très rentable pour nous. Par la même occasion, nous allons recruter de nouvelles personnes en cuisine, ce qui permettra de les sortir de leur chômage partiel. Nous avons d’autres projets qui nous tiennent à coeur comme développer l’aspect culturel qui nous manque actuellement. On souhaite mettre davantage en avant la notion de café concert au sein des Grands Gamins.

Pendant cette période, nous avons eu l’occasion de réfléchir à développer davantage l’aspect éthique des produits que l’on propose sur notre carte.  Nous souhaitons privilégier la transparence et proposer des produits de saisons à nos clients. Nous avons eu de bonnes réflexions durant cette période, on espère que de bonnes choses sortiront de toute cette expérience !

Merci Jérémy Leduc pour cette interview !  Pour ma part je vous retrouve jeudi prochain avec la publication d’un nouvel épisode de « Rennes, on t’écoute » ! À bientôt et portez-vous bien.

Retrouvez Les Grands Gamins

Adresse : 40 Mail François Mitterrand, 35000 Rennes
Téléphone : 02 23 25 89 11
E-mail : contact@lesgrandsgamins.fr
Site internet : https://lesgrandsgamins.fr/
Facebook : ici
Instagram : ici